Les malheureux, Victor Hugo

Publié le par Elhadji Moustapha NDAO

Oh! le nuage vain des pleurs et des affronts
S'envole, et la douleur passe en criant: Espère!
Vous me l'avez fait voir et toucher, ô vous, Père,
Juge, vous le grand juste et vous le grand clément!
Le rire du succès et du triomphe ment;
Un invisible doigt caressant se promène
Sous chacun des chaînons de la misère humaine;
L'adversité soutient ceux qu'elle fait lutter;
L'indigence est un bien pour qui sait la goûter;
L'harmonie éternelle autour du pauvre vibre
Et le berce; l'esclave, étant une âme, est libre,
Et le mendiant dit: Je suis riche, ayant Dieu
.
L'innocence aux tourments jette ce cri: C'est peu.
La difformité rit dans Esope, et la fièvre
Dans Scarron; l'agonie ouvre aux hymnes sa lèvre;
Quand je dis: "La douleur est-elle un mal?" Zénon
Se dresse devant moi, paisible, et me dit: "Non."
Oh! le martyre est joie et transport, le supplice
Est volupté, les feux du bûcher sont délice,
La souffrance est plaisir, la torture est bonheur;
Il n'est qu'un malheureux: c'est le méchant, Seigneur.

Publié dans poémes

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